Le « sms wall » carnet de bord de la semaine de la mobilité.

Dans le cadre de la 13ème semaine européenne de la mobilité, 8 aventuriers urbains ont relevé le défi Mobil’Acteurs impulsé par la ville de Rennes et par Rennes Métropole. Du 15 au 26 septembre, ils réalisent tous leurs déplacements sans utiliser leurs voitures. De nombreuses alternatives s’offrent à eux : certains ont choisi la marche, d’autres le train ou bien encore l’autostop.

Pour laisser une trace de leur périple, Marine, Marie-Laure, Linda, Emilie, Angelina, Sébastien, John et Yohann relatent leurs aventures par les « sms wall » placés sur la façade du 4bis, à la station du métro République ou au siège de Rennes Métropole. Le« sms wall » permet aux personnes de lire les sms et les tweets envoyés par chaque citoyen qui souhaite donner son opinion concernant l’évènement. Il permet également de rester en contact avec les mobil’acteurs qui postent leurs ressentis sur l’expérience qu’ils mènent grâce au hashtag #mobilacteurs.

SMS wall placé au 4bis. Photo @DToublanc

Tandis que certains expérimentent le vélo électrique avec succès d’autres découvrent les joies du covoiturage. C’est le cas de Marine.

 

Sébastien est quant à lui allé au bout de l’expérience : il a parcouru 22 km en courant pour se rendre sur son lieu de travail.Belle performance sportive et comme il se plaît à le rappeler : de nombreuses personnes le font tous les jours pour aller au travail mais ne sont pas médiatisées.

La Ville de Rennes et Rennes Métropole cherchent à attirer l’attention des citoyens sur la diversité des modes de transports existant sur le territoire et sur les bénéfices que chacun peut tirer de leur utilisation. Sylviane Rault relève que « 60 % des déplacement à Rennes sont de moins de 2 km »

Prendre le vélo ou le bus et ainsi réduire notre empreinte écologique semble être à la portée de tous. Alors oui, parfois le mobilacteur peut rencontrer des difficultés :

 

La technique est du côté John. Preuve à l’appui, je vous livre la solution de Philippe Stark contre les intempéries et … les insectes.

Casque de la marque Giro. Design Philippe Starck.

Partagez-vous aussi votre expérience de mobil’acteur. Envoyez votre tweet comprenant le hashtag #mobilacteurs ou un sms  au 06 19 64 51 35.

Retour sur LIFT 13 – Fabrication numérique et intelligence

Le mouvement Maker s’est taillé la part du lion lors du récent Lift 13 à Marseille organisé conjointement par la FING et Lift et intitulé Occupy Industry ou Produire Autrement (moins subversive cette traduction). Un bon nombre des intervenants sont en effet revenus sur ce phénomène qui amorce aujourd’hui son véritable développement sur notre territoire. En témoigne le nombre très important et inattendu de candidatures reçues par le Ministère de l’économie numérique dans le cadre d’un appel à projet dont les résultats ne devraient pas tarder à être rendus.

Si Fabien Eychenne, par ailleurs auteur de « Fab Lab avant-garde de la nouvelle révolution industrielle », accompagné de Véronique Routin ont exposé le contexte global de cet essor pas si soudain, nous attendons il est vrai encore que les institutions, acteurs économiques comprennent de quoi il s’agit réellement, ni solution miracle, ni effet de mode.

J’ai pour ma part retenu deux interventions en particulier, celles D’Olivier Mével, comme révélatrice de ce nouveau modèle à construire entre l’industrie traditionnelle et la fabrication numérique ouverte. Ce designer, co-auteur du Nabaztag et des robots en carton ReaDIYmate commercialisés chez Seeedstudio (bien connu à bug pour ses nanocopter et autres goodies) et à ce titre acteur quotidien de ce nouveau monde industriel entre Instructables et les usines chinoises. Le design est en effet français, la fabrication et la commercialisation sont basées à Shenzen. Toutefois, à l’instar du modèle décrit par Chris Anderson dans son ouvrage « Makers », des modèles locaux sont possibles reposant sur les industriels du territoire et sur l’exemple de la longue traîne des objets, de petites séries d’objets personnalisés générant in fine des bénéfices plus importants que l’ancien modèle. Nous en sommes certes très loin mais l’exemple de Maker’s Row mettant en valeur les manufactures locales et leurs produits en lien avec les dispositifs de prototypage et de design (le labfab par exemple) laisse entrevoir une expérimentation qui serait intéressante à mener.

En revanche, cette intervention met également de manière indirecte en évidence la carence des dispositifs traditionnels d’incubation utiles mais pas exclusifs et parfois inopérants.

Dans un tout autre  domaine, Pierre-Yves Oudeyer a médusé son auditoire par le caractère déroutant et passionnant des recherches menées par l’Inria de Bordeaux autour de l’intelligence artificielle : des algorithmes et des robots pour tenter de saisir les processus d’acquisition de la locomotion et du langage chez l’enfant. Le robot Poppy, projet open source en est la troublante incarnation, tant ce robot, assemblage de pièces fabriquées dans une imprimante 3D et de servo moteurs nous semble étonnamment familier lorsqu’on lui saisit la main. Avatars & Cie du 20 au 23 novembre à la MJC Antipode est consacré cette année à l’intelligence artificielle, l’un des ateliers portera sur le droit des robots, il est évident que de tels projets posent immédiatement de nombreuses questions abordées habituellement dans les œuvres de fiction telles que la récente série télévisée Real Humans ou bien Blade Runner ou Ghost in the shell. L’anthropomorphisme de ces êtres électroniques nous incitera t’il à adopter des règles protectrices identiques au droit des animaux et quel sera le degré de responsabilité de leurs actes.

 

Lift13 – PIerre-Yves Oudeyer from bug on Vimeo.

Bionico : l’histoire est ouverte

Un après-midi d’octobre 2012, à Rennes, le tout nouveau laboratoire de fabrication rennais (LabFab) étrenne son imprimante 3D lors de l’événement municipal VivaCités. Toutes les personnes impliquées dans ce collectif évangélisent le grand public à l’électronique libre et à l’open source. Un jeune homme observe, s’approche, puis demande au premier animateur repéré : « serait-il possible, avec ces nouvelles techniques, de fabriquer une prothèse de main avec laquelle j’aurais un contrôle sur mes cinq doigts ? » Nicolas Huchet, amputé de la main droite dix ans auparavant suite à un accident du travail, porte une prothèse agissant comme une pince, mais pas comme une main.

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Juin 2013, toujours à Rennes, Nicolas Huchet explique au public venu assister à une conférence sur les modèles économiques de l’électronique libre : « j’avais décidé d’y aller comme ça, faisant le choix de ne même pas me présenter. On m’a très bien accueilli, mais je n’y croyais pas trop. Quelques mois plus tard, je me suis rendu compte qu’on m’avait vraiment pris au sérieux, c’est à moi maintenant de me prendre au sérieux. » Le LabFab a effectivement recontacté Nicolas, dont le projet Bionico est né en mai 2013. Hugues Aubin du Labfab, avait déjà commencé à travailler, dès le lendemain de Vivacités. Le travail, la motivation et la communauté ont fait le reste.

Le cahier des charges est simple : une prothèse dont on peut contrôler les cinq doigts a un coût de 30 à 60 000 euros avec les appareillages actuels, fermés et non reproductibles. L’objectif du projet Bionico est de concevoir une prothèse dont les éléments seront fabricables avec une imprimante 3D, « la visserie sera celle que l’on trouve en supermarché, les câbles pour actionner les doigts seront réalisés à partir de fil de pêche », explique Hugues Aubin. Les plans et le code informatique embarqué seront livrés en open source, afin que quiconque, dans le monde entier, puisse fabriquer une prothèse. Nicolas Huchet explique qu’au-delà de son projet personnel,« tout le monde n’a pas la chance de vivre dans un pays dont le système social rembourse les prothèses, celle-ci pourra équiper des personnes dans le monde entier. »

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Depuis le lancement, tout s’est accéléré. En naviguant sur Thingiverse, une plateforme en ligne sur laquelle chacun peut partager en open source des fichiers de créations 3D, Nicolas Huchet tombe en arrêt sur un modèle,« c’est celle-là. » Cette main, c’est celle conçue et fabriquée par Gaël Langevin qui, sur son temps libre, travaille à la création d’un robot humanoïde entièrement fabricable « à la maison », avec une imprimante 3D pour les pièces plastiques. Inmoov réunit une large communauté « qu’il faut sans cesse alimenter, sur toutes les plateformes, depuis mon site à Youtube en passant par Facebook », explique Gaël Langevin, présent avec l’équipe de Bionico sur l’événement. La communauté, le facteur clé dans ce projet qu’une équipe seule ne pourrait mener à bien.

Très vite, Bionico met en ligne une vidéo reprenant la genèse du projet. Hugues Aubin explique, « nous sommes allés nous coucher le soir… le lendemain, la vidéo avait déjà beaucoup tourné. Très vite nous étions contactés par des brésiliens du laboratoire Innova qui travaillent sur le projet Brancante. Nous leur avons proposé de leur envoyer nos plans, il nous ont dit : ‘ok, mais nous vous envoyons d’abord les nôtres’. » Le projet est également repéré par l’Hôpital Hopkins, aux Etats-Unis. La machine se met en route. « Je ne viens pas de ce milieu. Je connaissais bien la communauté des backpackers de Couchsurfing, je connais maintenant la communauté des hackers, que je trouve fantastique. Je ne pensais vraiment pas que cela irait aussi vite. »

Ce samedi 28 juin à Rennes, les acteurs du projet Bionico avait prévu de mettre en place un atelier en public, pour présenter et tester en direct les avancées. Les éléments de la main avaient été imprimés les jours précédent au LabFab, montés avec moteurs, fils de pêche, reliés à un arduino pour l’électronique. L’idée étaient d’arriver avant la fin de journée à « connecter » l’avant-bras de Nicolas à la main par des capteurs d’impulsions électriques musculaires, collées sur son avant-bras. A 11h du matin, dès le premier essai : Nicolas devenu Bionico contrôlait le mouvement de pince de la main : main ouverte, poing fermé, main ouverte, poing fermé. Un résultat presque inespéré aussi rapidement.

Prochaine étape : repérer et reconnaître les impulsions électroniques correspondant à chaque doigt de la main pour en dissocier le contrôle. Trop de monde en ce samedi ensoleillé, curieux de découvrir ces mains robotiques. L’après-midi ne sera que démonstrations et explications, des contacts sont pris. Une aventure qui ne fait que débuter, mais de la meilleure des manières. Une équipe d’Arduino venue d’Italie pour l’événement interviewe Nicolas et Hugues : « pourquoi faites-vous cela, la main et plus généralement le LabFab ? » Hugues Aubin, dans un grand sourire : « pour changer le monde… »

Régis Chatellier – @el_reg

LabFab-Bionico from docabibi on Vimeo.

Matériel Open Source : un vrai modèle économique, basé sur la communauté

Comment gagner sa vie à partir du matériel open source ? Quel modèle économique pour un secteur qui fait le choix de ne pas privatiser ses plans ? Tel était le thème de la rencontre organisée le vendredi 27 juin à Rennes.

 

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L’open source appliqué au matériel, le « hardware », ce sont des produits physiques, un coût qui n’est plus la seule matière grise : des composants, des coûts de fabrication, de livraison, différents des logiciels open source, dématérialisés. Le matériel open source est avant tout une philosophie, et un acte politique, en opposition « la logique de rente de situation » développée avec la culture du brevet. Frédéric Jourdan, de Snootlab, explique que « se battre pour empêcher les autres de développer des idées n’a pas de sens ». Pour bien comprendre la logique de l’open source, John Lejeune, manager du LabFab, prend l’exemple de la gastronomie bretonne : « la crêpe est très répandue, mais cela n’empêche pas de voir se monter des crêperies partout. Lorsque l’on ouvre un restaurant, c’est de la valeur ajoutée que l’on vend, un savoir-faire, de l’accueil, du service en plus », ajoutant que le « verrouillage freine l’innovation », dans la crêperie comme ailleurs.

La motivation pour l’open source peut prendre plusieurs formes, Olivier Gillet (Mutable) explique qu’il est arrivé là car, en tant que musicien, il éprouvait « de la frustration de devoir utiliser des machines qui ne répondaient pas à ses besoins. Les synthétiseurs du commerce n’offraient pas une qualité d’ingénierie au top, et c’est anormal que ça plante. » Travailler sur un modèle open source, avec une haute exigence était pour lui un moyen de « ne pas infliger la peine du dysfonctionnement au client » et de lui donner en plus la possibilité de personnaliser sa machine.

La logique commerciale et financière est souvent le plus difficile à faire comprendre dans une société imprégnée de la culture du brevet et de la fermeture. Pourtant, Frédéric Jourdan explique qu’il est possible aujourd’hui de générer de l’activité et d’en vivre. Snootlab vend des produits électroniques open source dont elle met les plans à disposition, accessibles sans débourser un seul centime. L’entreprise, et se trois salariés, qui n’avait généré que 10000€ de chiffre d’affaire en 2010, année de sa création, a aujourd’hui dépassé le seuil de rentabilité. L’open source comme le reste n’échappe pas à la contrefaçon, mais Snootlab explique que « ceux qui veulent acheter le quart du prix n’ont pas compris ce que l’on fait », « nous vendons de la qualité et nous soutenons ‘financièrement’ la communauté, en donnant sur notre temps, donc sur notre salaire. » Snootlab finance même des projets en accompagnant des personnes tout au long du processus, « les autres ne sont pas nos clients. »

Sur la contrefaçon, il faut parfois savoir discuter et expliquer. Jimmy Rodgers, de l’Open Source Hardware Association,  explique que « la Chine a sa propre culture de l’open source », qu’il faut s’y prendre différemment pour lutter contre la piraterie. « Quand nous avons vu que nos produits étaient contrefaits, en vente sur des plateformes de vente en ligne chinoise, nous sommes d’abord aller leur parler pour leur expliquer notre logique. En expliquant que ces produits pouvaient devenirs légaux s’ils respectaient les plans et la licence, que nous pourrions d’ailleurs les vendre sur notre propre plateforme, ils ont compris », ajoutant pour conclure : « maintenant, ils sont à bord. »

Cette notion de communauté est primordiale dans ce secteur, à condition de l’activer et l’entretenir. « Il faut publier le plus tôt possible et le plus souvent [les plans et le code] pour créer une communauté et susciter l’intérêt. » Cette même communauté se transforme parfois en cellule d’innovation externalisée, MuteLab explique que sa communauté est « sa branche Recherche et développement ».  Avec Internet, nous pouvons toujours être sûr de trouver du monde avec qui travailler : « si je suis très motivé, d’autres le seront, et si mon projet n’était pas open source, il ne serait pas autant partagé« , donc connu. Jimmy  Rodgers explique, « j’ai toujours des nouvelles idées et de nouveaux projets que je développe mais que je ne terminerais si je n’avais pas la communauté. C’est pour franchir les dernières étapes, les derniers 10%, qu’elle m’apporte le plus. Le moment où, à titre personnel, j’ai le plus de mal. »

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Communauté et modèle économique se rejoignent dans le crowdfunding, un levier important dans cet écosystème. Emmanuel Gilloz (FoldaRap) a utilisé le mode du financement participatif pour fabriquer et commercialiser ses premières imprimante 3D. « Le financement participatif revient toujours à la communauté, car c’est open source. J’avais demandé 6500€ pour pouvoir me lancer en fabriquant dix machines. Au final j’ai  largement dépassé mes objectifs. J’ai même dû arrêter la collecte à un niveau [16595€] auquel je pouvais en en fabriquer trente, la limite technique et matérielle pour moi. »

Lorsqu’il est bien pratiqué, pas seulement un « argument marketing », la stratégie open source est  un moyen d’impliquer les clients dans une communauté réelle, pas celles des seuls réseaux sociaux. Chacun est associé au développement des produits, dont il pourra lui-même tirer des bénéfices personnels, financiers ou non. L’open source hardware se positionne comme un réel moyen d’essaimage du savoir et des revenus dans un nouvel écosystème, qui ne serait plus pyramidal, mais distribué.

Régis Chatellier – @el_reg

Avatars & Cie #02 : des Hommes augmentés ont pris l’Antipode

L’Association Bug et l’Antipode-MJC proposaient du 14 au 17 novembre 2012 la deuxième édition d’Avatars & Cie, un rendez-vous qui se propose d’aborder « les technologies, l’innovation et l’internet sous l’angle philosophique et utopique« . En 2011, les notions d’identités multiples et d’avatars étaient à l’honneur. En 2012, un cycle consacré aux hommes augmentés est proposé, depuis la mesure de soi – quantifiedself – aux utopies transhumanistes, « un voyage dans une science de moins en moins fiction ». Au total, près de 1500 personnes ont pu assister aux ateliers, rencontres, rencontre-professionnelle, projection, expositions, concerts…

Mercredi 14, l’Antipode-MJC ouvre ses portes aux jeunes avatars : les enfants du centre de loisirs fabriquent des robots à partir de moteurs de brosse à dents pendant que d’autres découvrent les installations numériques : le SMS-Twitter Wall, la navigation à la kinect dans la maquette 3D de la ville de Rennes, l’imprimante 3D du LabFab, le gifomaton de l’association 3hit combo et l’appli de réalité augmentée créée par Artefacto.

18h, le hall de l’Antipode se remplit pour la première rencontre de la semaine, un café-citoyen animé par Régis Chatellier sur le thème  « vie privée, vie publique, comment le web en redéfinit (ou non) les frontières« . Faisant suite à une série de rencontres sur les usages des réseaux sociaux, avec entres autres inspirations l’ouvrage de Jean-Marc Manach, la rencontre se veut pédagogique et non alarmiste comme c’est trop souvent les cas. Regarder les usages en face et responsabiliser les utilisateurs plutôt que crier au loup et se cacher les yeux pour ne pas voir. Pendant près d’une heure trente, les échanges sont nourris sur un thème qui ne cesse de passionner.

 

A 19h30, un nouveau public prend place dans le hall pour assister à l’inauguration de l’exposition de Seb Niark1. L’artiste créateur du visuel de l’affiche qui avait réalisé la veille une fresque sur l’un des murs de l’Antipode. Simultanément, les visiteurs découvrent les planches originales de la BD Aâma, de Frederik Peeters, exposées à la Bibliothèque.

 

Niark1 – Avatars & Cie from Ladnewg on Vimeo.

 

Jeudi matin, l’Antipode-MJC reçoit des classes de l’école Champion de Cicé : atelier robot-brosse et visite des installations au programme, pendant qu’un groupe de professionnels de l’animation et de la médiation assistent à la rencontre professionnelle animée par Richard De Logu, sur le thème des « Cultures du numériques », un atelier basé sur 15 ans d’observation des usages des nouveaux internautes, des enjeux de l’e-inclusion (réduction de la fracture numérique), autour des usages du « web 2.0 » et des enjeux juridiques et sociétaux qu’ils impliquent.

19h, Avatars & Cie reçoit Hubert Guillaud, rédacteur en chef de l’excellent site Internetactu pour la deuxième rencontre sur le thème du   « Quantifiedself, de la mesure à la démesure« . Près de 50 personnes découvrent parfois interloquées les pratiques de ces adeptes de la mesure personnelle, qui pour une raison ou pour une autre se branchent des capteurs ou font analyser leur code génétique. Une pratique qu’Hubert Guillaud qualifie « d’art personnel, une forme de yoga technologique ». (voir le compte rendu de la rencontre publié sur Le Mag de la Cantine numérique rennaise).

Photo : Le Mag @laCNR

Vendredi matin, des enfants découvrent les rudiments de l’électricité lors d’un atelier Little Bits, un jeu de construction à base d’interrupteurs, de capteurs et de diodes luminescentes. Plus loin, les animateurs des pôles multimédias de la ville découvrent l’imprimante 3D du LabFab présentée par Hugues Aubin et discutent de l’avenir des EPN.

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Dès l’après-midi, nous avons la chance d’accueillir Jason Cook (Digitalarti), et son installation Lulu White, déjà présentée en juin lors de Futur en Seine et en septembre pour Scopitone. Conçue à partir de technologies open-source basées sur Arduino et Zigbee radio, Lulu White est une danseuse de cabaret manipulée à distance par un gant muni de capteurs de mouvement, chaque plume reproduisant les mouvement de la main de Jason Cook. Lulu White interagit avec le public, le titille, joue avec lui ou le caresse, avec une fluidité impressionnante. Lulu White est certainement le projet à base d’Arduino le plus abouti qu’il nous ait été donné de voir. Pendant deux jours, la danseuse aura joué avec un public conquis : l’installation qui semble à première vue n’être constituée que de capteurs de mouvements attrape et interpelle le public par tant de réalisme et de vie.

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18h, quelques codeurs amateurs se massent dans une salle de l’Antipode pour le premier atelier Arduino niveau perfectionnement animé par Laurent Mattlé (LabFab), un deuxième sera proposé samedi après-midi, animé par John Lejeune et Anthony Cocherie.

 

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20h30, près de 130 personnes rejoignent la grande salle pour la projection-rencontre autour du Transhumanisme, précédée et suivie d’une rencontre avec Rémi Sussan, journaliste et auteur de l’ouvrage  « Les Utopies Post-Humaines« . Rémi Sussan pose le sujet pendant une petite demi-heure, puis le public assiste à la projection de Transcendent Man, autour de « la vie et des idées de Ray Kurtzweil« . Un homme que Rémi Sussan classe parmi les pessimistes dans le transhumanisme, un homme dont il apprécie peu le point de vue, loin de pratiques hédonistes et plus joyeuses d’autres courants de ce mouvement. Le film dérange et alimente le débat qui se poursuit pendant encore une heure trente après la fin du film : le sujet passionne.

Samedi, pour la dernière journée un public familial arrivait à l’Antipode pour la dernière série d’ateliers robot et Arduino, pour tester les installations et s’émerveiller devant les danses de lascives de Lulu White. Le hall ne désemplissait pas de 14h à 18h. Il est l’heure de transformer le hall de la MJC en bar, la salle de concert en club pour clôturer de la plus belle des manières cette semaine roborative. Dès minuit, le public investit les lieux pour ne plus le quitter avant l’aube, sur les rythmes house music de Renart, John Talabot et Pachanga Boys.

Cette deuxième édition aura su séduire un large public, de tous âges et tous horizons, preuve que l’on peut rassembler sur des sujets peu connus et qui peuvent sembler difficiles d’accès. Avatars en 2012, Hommes augmentés en 2012, qu’adviendra t-il en 2013 ?

Régis Chatellier

 

Ressources :

“Vie privée/vie publique“, comment le web en redéfinit (ou non) les frontières ? from Régis Chatellier

 

Apéruche : Us Now, le pouvoir de la collaboration – 24 octobre – 18h30

L’Association Bug vous  invite le mercredi 24 octobre, 18h30 à la Cantine numérique rennaise, à la projection de Us Now, un documentaire de Ivo Gormley.

Sorti en 2008, et bien que toujours d’actualité, Us Now fait déjà office de document historique dans le temps du web social : Ivo Gormley, vidéaste et anthropologue, y présente les différents outils de collaboration en ligne tels que Wikipedia ou Couchsurfing, ainsi que des projets moins connus, tendant à la création de service public sur un territoire, la Grande-Bretagne, qui a largement détruit le sien depuis les années 80.

Us Nowsera le point de départ de notre conversation, nous pourrons faire le point sur les avancées et les reculs observés depuis le tournage du documentaire. Nous pourrons aussi faire connaissance avec les activités de l’agence Think Public, et avec des outils ludiques et innovant, comme Good Gym.

 

Plus qu’un documentaire sur le web 2.0, UsNow est surtout une réflexion sur la confiance qui s’instaure entre les internautes, et comment celle-ci transforme les relations entre le gens. Un film qui regarde la collaboration de masse non pas sous l’angle d’une simple participation agrégative, mais sous celle de collaborations profondes et transformatives. Tiens, le web 2.0 n’est toujours pas mort !
Hubert GuillaudInternetActu

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Invitation Ruche
Invitation Facebook

[Podcast] e-Toile spéciale : FabLabs francophones et Ville sans limite

photo : @NFr21

A l’occasion de Viva-Cités Rennes et de la rencontre internationale des Fablabs francophones, E-Toile (avec Richard de Logu, Régis Chatellier et Paco) reçoivent des représentants de Fablabs venus du Sénégal et du Québec : Emanuelle Bouiti, Jokkolabs (Dakar, Sénégal), Monique Chartrand, Communautique (Montréal, Québec), Marc-Olivier Ducharme, Echofab (Montréal, Québec).

Dans la deuxième partie de l’émission, Alain Renk (Architecte urbaniste) présente l’appli « Ville sans limites », grâce à laquelle chacun peut se mettre dans la peau d’un urbaniste en remixant le quartier de la gare.

e-Toile spéciale : FabLabs francophones (Communautique / Jokkolabs / Echofab) + Alain Renk (Ville sans limites) by assobug

Seniors et Internet, des connexions multiples

On entend souvent dire que les seniors n’ont pas la même relation aisée que les nouvelles générations avec les nouvelles technologies. Réticence au changement ou difficulté à apprendre de nouveau ? Si certaines applications numériques ont été créées pour permettre aux seniors dépendants de rester à leur domicile, avant d’en arriver là, nombre d’entre eux se penchent sur ces nouveaux outils pour rester en contact avec famille ou amis, voire pour des usages plus avancés.

Être à la page quant à l’utilisation d’internet et des logiciels présents sur les ordinateurs apporte une certaine indépendance et un amusement aux silvers surfers (génération d’aujourd’hui qui a plus de 60 ans et qui surfe sur la toile). Un constat qu’a pu faire Hugues Aubin, chargé de mission Technologies de l’Information et de la Communication pour Rennes Métropole. Il rappelle « qu’avant les personnes cassaient leurs tirelires pour s’acheter une encyclopédie alors que maintenant lorsqu’elles le font c’est plutôt pour s’acheter un ordinateur ».

Broadband for Seniors kiosk

Photographie prise par Mosman Council. Licence CC BY-NC 2.0

Étienne Maignen, retraité très actif sur internet, s’est mis à « pianoter » sur son ordinateur par l’intermédiaire de son beau frère qui le lui a installé. Il se sert de cet outil pour communiquer avec ses enfants et petits enfants. Monsieur Maignen est l’un des contributeurs les plus assidus du site Wiki-Rennes qu’il a découvert en 2011 en lisant un article dans le journal. Il écrit sur l’histoire de la métropole rennaise. Pour s’amuser, il joue à SimCity et se balade dans le monde grâce à Google Earth. Son intérêt pour les nouvelles technologies, l’a amené à partager ses connaissances avec ses petits enfants mais aussi avec d’autres personnes de son entourage. Monsieur Maignen fait également partie de l’association « Valentin Haüy » où il forme les donneurs de voix pour les audio livres à destination des personnes mal voyantes en utilisant le logiciel Audacity.

L’une des caractéristiques des silvers surfers est qu’ils se sont mis à ces nouvelles technologies en ayant bénéficié de conseils de proches ou d’amis. Dans la pratique, certains d’entre eux n’ont pas su se connecter à internet. Ils ont acheté un ordinateur, se sont abonnés chez un fournisseur d’ADSL mais l’équipement est parfois resté dans un coin de leur maison car ils ne savaient pas comment brancher le matériel. Pour avoir des conseils, il est possible pour les seniors de rencontrer des animateurs numériques qui se trouvent dans les maisons de quartiers.

Pour les personnes dépendantes voulant rester chez elles ou ne voulant pas aller en maison de retraite en Bretagne, ont été menées des expériences. Le projet expérimental TAPA à Brest s’inscrit dans cette perspective. Cette initiative a été lancée par Télécom Bretagne avec l’association de l’atelier de recherche sociologique de l’Université de Bretagne Occidentale. TAPA est un projet développé dans le but d’aider à rompre l’isolement des personnes âgées à travers la télévision connectée. Pas d’ordinateur, c’est le téléviseur qui prend les images, les messages et vidéos des proches sans avoir besoin d’utiliser de clavier ou de souris.

Dans la métropole rennaise a été développé le projet Innovation Domicile Autonomie (IDA) piloté par l’Association Soin Services Aux Domiciles (ASSAD). En 2009, l’ASSAD du pays de Rennes à installé un appartement test à Chartres de Bretagne pour permettre de développer des solutions de maintien à domicile pour les seniors en testant des dispositif comme les volets roulants motorisés et commandables à distance, les chemins lumineux pour éviter les chutes la nuit ou encore la téléassistance.

L’une des innovations de cet appartement-test est « communicarte ». Ces cartes disposant de puces RFID permettent d’accéder à des applications lorsqu’on les passe devant un écran dédié. On peut ainsi envoyer un message ou converser sur skype sans souris ni clavier. D’ici 2016, les bailleurs sociaux vont équiper 1200 logements avec les différentes technologies développées dans le cadre de l’appartement-test.

Hugues Aubin estime que les futures solutions que l’on pourra proposer aux seniors dans le domaine du numérique se trouveront notamment dans les liseuses électroniques. Ce sont des interfaces naturelles, simples de fonctionnement qui ne demandent pas un long apprentissage. Le procédé de l’encre électronique n’est pas si éloigné de l’encre liquide ce qui peut être attrayant pour les seniors.

Les constructeurs de nouvelles technologies cherchent à rendre ergonomiques et adaptés les dispositifs pour que les seniors puissent en profiter pleinement. Les technologies jouent un rôle de maintien de lien social et tentent d’inventer de nouvelles formes d’autonomie.

Par David Toublanc

Laval Virtual en vidéo

Bug était à Laval Virtual cette année pour l’animation d’ateliers à destination du jeune public. A cette occasion, Toniodelaconcha a été interviewé par Christophe Batier, directeur Technique du service TICE de l’Université Lyon1, envoyé spécial en Mayenne pour Spiral TV, une web TV consacrée au eLearning, aux nouvelles technologies de l’enseignement et la formation à distance.

A 4’25 », Toniodelaconcha présente l’atelier Blinky Bug et les objectifs du tout nouveau LabFab.

Open Data : innover avec l’ouverture des données, de Simon Chignard


Simon Chignard
, président de l’association Bug depuis 2009 présente en ce mois d’avril 2012 un ouvrage consacré à l’ouverture des données publiques, publié par FYP, spécialisée dans l’édition d’ouvrages dédiés à l’innovation, au numérique, et aux questions de société.

L’ouvrage aurait pu s’appeler L’Open Data pour les nuls tant il consiste en une approche pédagogique de ce que sont les données ouvertes. Des origines de l’Open Data, à l’ouverture d’une série de données publiques par l’État sur Etalab, Simon Chignard accompagne le novice dans la découverte de cette notion très présente dans la bouche de certains, encore inconnue de la majorité. L’ouvrage rappelle que cette idée est trans-courants, pas l’apanage d’un camp politique ou de l’autre, une idée née dans le monde anglo-saxons qui s’installe en France depuis 4 à 5 ans. Simon Chignard dresse la typologie des acteurs, des différents types de données, des licences et de leurs implications dans la réutilisation des données, en se référant à des exemples précis pour illustrer son propos.

Dans une deuxième partie, l’ouvrage se transforme en guide pratique à destination des collectivités, élus, assos ou toute personne souhaitant « se lancer » dans l’open data : à partir des exemples français, l’ouverture menée par Rennes Métropole, le conseil général de Saone-et-Loire, Nantes, Paris ou Bordeaux, Simon Chignard tente une synthèse des expériences, un résumé des pratiques, bonnes ou moins bonnes.

Un ouvrage à conseiller à tous ceux qui souhaitent avoir une vision d’ensemble et mieux comprendre ce mouvement d’ouverture des données publiques, aussi utile au néophyte qui veut comprendre de quoi il en retourne qu’à l’initié qui trouvera là une synthèse utile à la réflexion, pour aller de l’avant et inventer des nouveaux usages.

Site de l’ouvrage : http://www.donneesouvertes.info
Trouver l’ouvrage en librairie : Librairie Le Failler, rue Saint-Georges, 35000 Rennes
Trouver l’ouvrage sur le net : Amazon