L’Association Bug et l’Antipode-MJC proposaient du 14 au 17 novembre 2012 la deuxième édition d’Avatars & Cie, un rendez-vous qui se propose d’aborder « les technologies, l’innovation et l’internet sous l’angle philosophique et utopique« . En 2011, les notions d’identités multiples et d’avatars étaient à l’honneur. En 2012, un cycle consacré aux hommes augmentés est proposé, depuis la mesure de soi – quantifiedself – aux utopies transhumanistes, « un voyage dans une science de moins en moins fiction ». Au total, près de 1500 personnes ont pu assister aux ateliers, rencontres, rencontre-professionnelle, projection, expositions, concerts…

Mercredi 14, l’Antipode-MJC ouvre ses portes aux jeunes avatars : les enfants du centre de loisirs fabriquent des robots à partir de moteurs de brosse à dents pendant que d’autres découvrent les installations numériques : le SMS-Twitter Wall, la navigation à la kinect dans la maquette 3D de la ville de Rennes, l’imprimante 3D du LabFab, le gifomaton de l’association 3hit combo et l’appli de réalité augmentée créée par Artefacto.
18h, le hall de l’Antipode se remplit pour la première rencontre de la semaine, un café-citoyen animé par Régis Chatellier sur le thème « vie privée, vie publique, comment le web en redéfinit (ou non) les frontières« . Faisant suite à une série de rencontres sur les usages des réseaux sociaux, avec entres autres inspirations l’ouvrage de Jean-Marc Manach, la rencontre se veut pédagogique et non alarmiste comme c’est trop souvent les cas. Regarder les usages en face et responsabiliser les utilisateurs plutôt que crier au loup et se cacher les yeux pour ne pas voir. Pendant près d’une heure trente, les échanges sont nourris sur un thème qui ne cesse de passionner.
A 19h30, un nouveau public prend place dans le hall pour assister à l’inauguration de l’exposition de Seb Niark1. L’artiste créateur du visuel de l’affiche qui avait réalisé la veille une fresque sur l’un des murs de l’Antipode. Simultanément, les visiteurs découvrent les planches originales de la BD Aâma, de Frederik Peeters, exposées à la Bibliothèque.
Niark1 – Avatars & Cie from Ladnewg on Vimeo.
Jeudi matin, l’Antipode-MJC reçoit des classes de l’école Champion de Cicé : atelier robot-brosse et visite des installations au programme, pendant qu’un groupe de professionnels de l’animation et de la médiation assistent à la rencontre professionnelle animée par Richard De Logu, sur le thème des « Cultures du numériques », un atelier basé sur 15 ans d’observation des usages des nouveaux internautes, des enjeux de l’e-inclusion (réduction de la fracture numérique), autour des usages du « web 2.0 » et des enjeux juridiques et sociétaux qu’ils impliquent.
19h, Avatars & Cie reçoit Hubert Guillaud, rédacteur en chef de l’excellent site Internetactu pour la deuxième rencontre sur le thème du « Quantifiedself, de la mesure à la démesure« . Près de 50 personnes découvrent parfois interloquées les pratiques de ces adeptes de la mesure personnelle, qui pour une raison ou pour une autre se branchent des capteurs ou font analyser leur code génétique. Une pratique qu’Hubert Guillaud qualifie « d’art personnel, une forme de yoga technologique ». (voir le compte rendu de la rencontre publié sur Le Mag de la Cantine numérique rennaise).

Photo : Le Mag @laCNR
Vendredi matin, des enfants découvrent les rudiments de l’électricité lors d’un atelier Little Bits, un jeu de construction à base d’interrupteurs, de capteurs et de diodes luminescentes. Plus loin, les animateurs des pôles multimédias de la ville découvrent l’imprimante 3D du LabFab présentée par Hugues Aubin et discutent de l’avenir des EPN.

Dès l’après-midi, nous avons la chance d’accueillir Jason Cook (Digitalarti), et son installation Lulu White, déjà présentée en juin lors de Futur en Seine et en septembre pour Scopitone. Conçue à partir de technologies open-source basées sur Arduino et Zigbee radio, Lulu White est une danseuse de cabaret manipulée à distance par un gant muni de capteurs de mouvement, chaque plume reproduisant les mouvement de la main de Jason Cook. Lulu White interagit avec le public, le titille, joue avec lui ou le caresse, avec une fluidité impressionnante. Lulu White est certainement le projet à base d’Arduino le plus abouti qu’il nous ait été donné de voir. Pendant deux jours, la danseuse aura joué avec un public conquis : l’installation qui semble à première vue n’être constituée que de capteurs de mouvements attrape et interpelle le public par tant de réalisme et de vie.

18h, quelques codeurs amateurs se massent dans une salle de l’Antipode pour le premier atelier Arduino niveau perfectionnement animé par Laurent Mattlé (LabFab), un deuxième sera proposé samedi après-midi, animé par John Lejeune et Anthony Cocherie.

20h30, près de 130 personnes rejoignent la grande salle pour la projection-rencontre autour du Transhumanisme, précédée et suivie d’une rencontre avec Rémi Sussan, journaliste et auteur de l’ouvrage « Les Utopies Post-Humaines« . Rémi Sussan pose le sujet pendant une petite demi-heure, puis le public assiste à la projection de Transcendent Man, autour de « la vie et des idées de Ray Kurtzweil« . Un homme que Rémi Sussan classe parmi les pessimistes dans le transhumanisme, un homme dont il apprécie peu le point de vue, loin de pratiques hédonistes et plus joyeuses d’autres courants de ce mouvement. Le film dérange et alimente le débat qui se poursuit pendant encore une heure trente après la fin du film : le sujet passionne.
Samedi, pour la dernière journée un public familial arrivait à l’Antipode pour la dernière série d’ateliers robot et Arduino, pour tester les installations et s’émerveiller devant les danses de lascives de Lulu White. Le hall ne désemplissait pas de 14h à 18h. Il est l’heure de transformer le hall de la MJC en bar, la salle de concert en club pour clôturer de la plus belle des manières cette semaine roborative. Dès minuit, le public investit les lieux pour ne plus le quitter avant l’aube, sur les rythmes house music de Renart, John Talabot et Pachanga Boys.
Cette deuxième édition aura su séduire un large public, de tous âges et tous horizons, preuve que l’on peut rassembler sur des sujets peu connus et qui peuvent sembler difficiles d’accès. Avatars en 2012, Hommes augmentés en 2012, qu’adviendra t-il en 2013 ?
Régis Chatellier
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