[Lift Experience] Opendat’our Mind

Lift Experience se tenait à Marseille en ce début d’été 2010, organisé par Lift et la Fing, sur le thème : dot.real, changer le monde (réel) par le Web ! Parmi les grandes thématiques traitées : l’ouverture des données publiques a pris une large place.

Sam Pitroda lance la journée en tant que Keynote Speaker (terme super top trendy pour désigner la personne introduisant la conférence). Le conseiller au Premier ministre indien en matière d’infrastructure publique de l’information et innovation rappelle d’abord l’importance de ses deux missions : de l’infrastructure publique dépend l’innovation. Le secteur à privilégier selon lui est celui de la Frugal innovation : « Les meilleurs cerveaux servent à régler les problèmes des plus riches… qui n’en ont pas… »  La technologie doit se tourner aujourd’hui vers plus démunis, pour favoriser la création d’emplois de services. Avec Internet, Sam Pitroda ajoute que la sortie des plus pauvres de leur condition ne doit plus être seulement une visée romantique, l’outil web est l’outil qui permettra cela.

Après le politique,  l’économiste  entre en piste, Yann Moulier-Boutang, auteur de L’abeille et l’économiste dénonce la confusion patrimoniale opérant quant à la notion de données, on essaye à tort d’appliquer de vieux schémas au numérique. À un système ancien et désuet, il oppose l’ouverture des données, « la pollinisation n’étant pas la simple corralisation » : alors que l’enfermement du savoir dans des bases de données privatisées ne crée aucune nouvelle connaissance, l’ouverture des données permet la diffusion et la création de nouveaux savoirs. A la manière des abeilles qui butinent et pollinisent les plantes, l’ouverture des bases de données permet la création de nouveaux savoirs. Quelques institutions sont spécialistes de la privatisation du public en France, l’INA, l’IGN ou Météo France par exemple. L’analyse de Y. Moutier-Boutang est à rapprocher de celle du Public Domain Manifesto, la pétition en ligne pour la protection et l’extension du domaine public. Il ne s’agit plus aujourd’hui de privatiser et enfermer le savoir, mais au contraire de l’ouvrir, pour permettre sa diffusion au plus grand nombre.

La thématique de l’ouverture des données prend corps peu à peu sur la planète. Le gouvernement américain l’a compris en lançant en mai 2009  la plateforme data.gov. En Europe, les choses bougent également. Trois intervenants sont à Lift pour présenter leur travaux. Michael Cross, journaliste au Guardian, constatant la privatisation de données publiques lance en 2006 le site Free Our Data. En 2007, un  ministre lance une cartographie ouverte du crime en Grande-Bretagne. Ce projet devient un catalyseur dans l’action de lobbying de Michael Cross. Gordon Brown se prononce en 2009 pour l’ouverture des données publiques, rejoint par David Cameron lors de la campagne législatives 2010 : les deux candidats plaident pour la transparence des données, pour la gratuité dans l’utilisation et la réutilisation des données publiques. Le site data.gov.uk est ouvert en janvier 2010.

Jarmo Eskelinen, de Forum Virium Helsinki, milite pour l’ouverture des données au niveau européen. En 2010, il est impossible de créer un service européen tant les système de données sont hétérogènes et hermétiques entre eux. Cette non concordance des systèmes d’information a un coût : 46 milliards d’euros, le montant consacré en Europe à l’échange de données au sein des organisations, principalement dans le secteur public, selon une étude Cap Gemini. Ouvrir les données signifie collaborer, rendre interopérables les systèmes d’informations les rendrait plus efficaces, le service public y gagnerait. A l’échelle européenne, Jarmo Eskelinen insiste sur la contradiction entre la volonté affichée d’élaborer un politique européenne et les freins imposés par la disparité des lois nationales et de la non compatibilité des systèmes d’informations.

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Rennes Métropole et Keolis ont franchi le pas grâce à l’action de Hugues Aubin. Invité à présenter son travail lors de la conférence Lift, Hugues Aubin développe  le scénario de l’ouverture des données transports de la métropole rennaise, et les implications pour l’usager. Il annonce déjà l’ouverture de nombreuses données du territoire. Le processus est en route, ce n’est que le début. (voir les slides ci-dessous dont le graphisme a été réalisé par Benjamin, de Bug , ou l’intervention en vidéo partie 1partie 2)

Pendant ce temps là, au niveau national, on préfère plutôt défendre corps et âmes Hadopi : ce machin coûteux et inopérant. Le Web est encore perçu par le gouvernement français comme l’ennemi contre lequel il faut lutter… Nous sommes bien au XXIème siècle, nos dirigeants sont restés bloqués au XXème. On attend avec impatience que quelque ministre ou conseiller s’intéresse enfin au sujet de l’OpenData.

4 Réponses pour “[Lift Experience] Opendat’our Mind”

  1. Hugues Aubin écrit :

    Merci pour cette très bonne synthèse. Concernant le projet rennais je dois préciser que c’est un travail d’équipe et que si j’en ai été le porte parole, il y a du monde à travailler dessus.

    Il y a Xavier, Mathieu, Bernadette, Amiel, Christophe, Cécile, Frédéric, et bien d’autres qui travaillent sur ce projet… et il y a du travail à venir :-)

    Un grand merci à Benjamin de Bug pour les visuels : on a passé pas mal d’heures ensemble mais je pense que cela valait le coup.

    Hugues

  2. Regis écrit :

    Sur le total manque de vision du gouvernement en terme d’OpenData, je recommande l’article paru sur Owni : « L’effet pervers de l’OpenData payant » http://ow.ly/1qGL6q

  3. Inde : Innover pour faire disparaître la pauvreté | traffic-internet.net écrit :

    […] Image : Sam Pitroda sur la scène de Lift France, photographié par les représentants de l’association Bug. […]

  4. L’opendata dans tous ses états – Juillet II « écrit :

    […] [Lift Experience] Opendat’our Mind […]

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