Parents, adolescents : où l’on reparle de Facebook
jeudi, 10 février 2011 par Regis
Bug était invité mercredi 9 février 2011 à animer un café citoyen à l’Antipode MJC Rennes, sur le thème : Facebook et les jeunes : quels usages en font-ils ? Que perçoivent les parents ? Un thème récurrent, qui intéresse au plus au point petits et grands tant Facebook prend une large place dans la société : environ 17 millions de français sont connectés au réseau social, dont 77% des internautes entre 18 et 24 ans (données IFOP – novembre 2010). Une trentaine de personnes étaient réunies pour une rencontre agréable et constructive. L’occasion d’écrire un billet autour ce sujet.
Où il est question de Facebook…
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Pourtant, il ne s’agit pas là de dire que Facebook est la panacée, loin de là, juste de l’expliquer et dédramatiser l’objet. Comme je le dis dans la présentation visible ci-dessous, Facebook n’est ni le diable, ni un ami, mais bien un business. Facebook est un outil neutre de mise en relation des personnes dont l’objectif est de se valoriser au mieux, pour la vente d’espaces publicitaires, comme le font les chaînes de télévision, pour être ensuite valorisé sur les marchés financiers (voir la convoitise de Goldman-Sachs). Selon certains calculs, la valorisation actuelle de chaque utilisateur de Facebook est d’environ 100 euros, à rapporter aux plus de 600 millions d’utilisateurs. En contrepartie, chaque personne qui s’inscrit, publie du texte ou des photos cède complètement la propriété de ses données, images ou paroles à Facebook. C’est précisé dans les conditions d’utilisation que personne ne lit. Cette raison est déjà suffisante pour ne pas souhaiter utiliser le réseau social, c’est sur ces question qu’il convient de se poser des questions. Ceci explique le positionnement du réseau la Ruche, qui depuis mars 2008 garantit la préservation des données personnelles : La Ruche n’a rien à valoriser, rien à vendre.
Sur la vie privée il en va de même : croire que l’on peut garder un contrôle total sur des mots écrits sur Facebook est illusoire. Après avoir paramétré la confidentialité d’un compte, chose indispensable si l’on ne veut pas que tous soit accessible de tous, on ne peut pas encore savoir ou vont aller notre image ou nos mots. Lorsque l’on paramètre son compte pour le rendre accessible à ses seuls amis, chacun de nos contenus peuvent s’échapper un peu plus loin par un système de cercles concentriques.
Si tous les membres ont 100 amis, que je poste une photo d’un amis, que je « tague » son nom, mes amis et les siens en auront l’accès, si un troisième commente cette même photo, ses propres amis entrent dans la boucle, laissant l’image visible à 300 personnes, etc…
Si l’on ne souhaite pas que sa propre image se promène sur la toile, la solution est de ne pas poster de photos de soi, supprimer l’identification lorsqu’une personne se permet de le faire à votre place. Sur les paroles, avoir toujours bien en tête que le web est un espace public, ce qui ne veut pas dire visible de tous : Dominique Cardon parle d’espace en clair-obscur, quelque part entre le public et le privé. La solution à adopter est de toujours se poser la question : est-ce que ce que je poste peut être préjudiciable – à qui que ce soit – d’une manière ou d’une autre. Sans aller jusque des extrêmes, des problèmes graves : vexer une personne en se moquant d’elle sur le web est déjà une limite que l’on peut se fixer.
Sur la relation des jeunes à Facebook : Facebook est un « lieu » où ils aiment bien trainer pour poursuivre les conversations de la journée, s’envoyer des vannes, refaire les soirées, etc.. Une forme d’extension de la vie réelle, ni plus ni moins. Les réseaux sociaux ne se limitent pas à Facebook chez les jeunes, plus de 60% des internautes de 18 à 24 ans sont inscrits à au moins quatre réseaux sociaux. Plutôt que de diaboliser et se focaliser sur quelques faits divers glauques, le mieux reste encore d’encadrer, tenter d’expliquer les conséquences des actes, comme dans la vie réelle, et faire confiance.
De la même manière : alors que l’on ne laisse pas un adolescent être élevé par la télévision, on ne le laisse pas avec un ordinateur connecté dans sa chambre 24h/24, ne serait-ce que pour son sommeil. Le rôle du parent à l’heure d’Internet n’est en rien différent de celui du parent avant l’ère d’Internet. Les adolescents ont toujours eu besoin d’espaces de liberté, le rôle des parents a toujours été d’éduquer et d’encadrer. Aujourd’hui comme hier, la diabolisation et la vision manichéenne des choses est contreproductive : l’interdit sans explication est un défi pour l’adolescent. Pourquoi réinventer la roue ?
Les plus jeunes ont une plus forte propension à partager des photos d’eux-mêmes sur la toile : comment leur reprocher lorsque ceux-ci sont nés devant une caméra, ont apprit à prendre la pose encore en bas-âge, ont des parents qui les exposent en permanence sur le web. Les adolescents se mettent en scène, comment peut-il en être autrement, ils n’ont jamais connu que ça. Il ont grandit avec, et ont souvent une plus grande conscience que leurs parents de la notion d’exposition de leur image. Là où l’on crie au loup sans arrêt sur ces petits cons qui ne protègent pas leur vie privée, il convient plutôt d’être choqué par tous ces parents qui créent des pages Facebook pour leur progéniture à peine née, et diffusent allègrement des photos de ceux-ci sur la toile. L’adolescent décide de s’exposer, le bébé lui ‘a rien demander.
Régis Chatellier
No. 1 — jeudi, 10 février 2011 à 5 h 42 min
Votre compte rendu fait suite à un café citoyen où une trentaine de personnes était présente, or les échanges avec le public sont complètement absents de votre restitution. Dommage; d’autant que vous écrivez que la rencontre a été « agréable et constructive », nous avons envie de savoir en quoi les échanges furent constructifs. Le public était t il composé majoritairement de jeunes ou de parents ? quelles étaient les questions, les attentes des uns et des autres ? L’intérêt d’un café citoyen,à mon sens, réside plus dans la rencontre qu’il provoque que dans l’énoncé « magistral » qui lance le débat. Nous n’avons eu que la première partie, relatez nous si possible la suite. Merci. Patrick
No. 2 — jeudi, 10 février 2011 à 6 h 39 min
Bonjour,
Effectivement, il s’agit plus là d’un article écrit à l’occasion du café citoyen qu’un véritable compte-rendu. Je n’ai d’ailleurs pas utilisé le terme Compte-rendu 😉
La raison de l’absence de citation des personnes présentes s’explique : étant seul intervenant, je ne pouvais pas prendre de notes, ne prenant pas de notes, je ne souhaitais pas être approximatif. J’ai donc choisi d’écrire un billet de blog ayant pour point de départ ce café citoyen.
Sur la fréquentation, les personnes présentes étaient aussi bien des adolescents, muets mais attentifs, des parents, plus bavards et des jeunes adultes sans enfants. Les échanges étaient constructifs et agréables car non manichéens. Les questions posées portaient sur la manière dont on peut paramétrer un compte, quel type d’échange ont les jeunes, Internet comme formidable moyen de faire se réunir les jeunes (ex. de l’Apéro facebook), Internet n’exempt pas les parents du contrôle parental, etc…
Je ne suis toujours pas exhaustif, il faudrait que je me remette dans la rédaction d’un nouvel article, qui serait cette fois un compte-rendu.
Cordialement,
régis