Bionico : l’histoire est ouverte
dimanche, 30 juin 2013 par Regis
Un après-midi d’octobre 2012, à Rennes, le tout nouveau laboratoire de fabrication rennais (LabFab) étrenne son imprimante 3D lors de l’événement municipal VivaCités. Toutes les personnes impliquées dans ce collectif évangélisent le grand public à l’électronique libre et à l’open source. Un jeune homme observe, s’approche, puis demande au premier animateur repéré : « serait-il possible, avec ces nouvelles techniques, de fabriquer une prothèse de main avec laquelle j’aurais un contrôle sur mes cinq doigts ? » Nicolas Huchet, amputé de la main droite dix ans auparavant suite à un accident du travail, porte une prothèse agissant comme une pince, mais pas comme une main.
Juin 2013, toujours à Rennes, Nicolas Huchet explique au public venu assister à une conférence sur les modèles économiques de l’électronique libre : « j’avais décidé d’y aller comme ça, faisant le choix de ne même pas me présenter. On m’a très bien accueilli, mais je n’y croyais pas trop. Quelques mois plus tard, je me suis rendu compte qu’on m’avait vraiment pris au sérieux, c’est à moi maintenant de me prendre au sérieux. » Le LabFab a effectivement recontacté Nicolas, dont le projet Bionico est né en mai 2013. Hugues Aubin du Labfab, avait déjà commencé à travailler, dès le lendemain de Vivacités. Le travail, la motivation et la communauté ont fait le reste.
Le cahier des charges est simple : une prothèse dont on peut contrôler les cinq doigts a un coût de 30 à 60 000 euros avec les appareillages actuels, fermés et non reproductibles. L’objectif du projet Bionico est de concevoir une prothèse dont les éléments seront fabricables avec une imprimante 3D, « la visserie sera celle que l’on trouve en supermarché, les câbles pour actionner les doigts seront réalisés à partir de fil de pêche », explique Hugues Aubin. Les plans et le code informatique embarqué seront livrés en open source, afin que quiconque, dans le monde entier, puisse fabriquer une prothèse. Nicolas Huchet explique qu’au-delà de son projet personnel,« tout le monde n’a pas la chance de vivre dans un pays dont le système social rembourse les prothèses, celle-ci pourra équiper des personnes dans le monde entier. »
Depuis le lancement, tout s’est accéléré. En naviguant sur Thingiverse, une plateforme en ligne sur laquelle chacun peut partager en open source des fichiers de créations 3D, Nicolas Huchet tombe en arrêt sur un modèle,« c’est celle-là. » Cette main, c’est celle conçue et fabriquée par Gaël Langevin qui, sur son temps libre, travaille à la création d’un robot humanoïde entièrement fabricable « à la maison », avec une imprimante 3D pour les pièces plastiques. Inmoov réunit une large communauté « qu’il faut sans cesse alimenter, sur toutes les plateformes, depuis mon site à Youtube en passant par Facebook », explique Gaël Langevin, présent avec l’équipe de Bionico sur l’événement. La communauté, le facteur clé dans ce projet qu’une équipe seule ne pourrait mener à bien.
Très vite, Bionico met en ligne une vidéo reprenant la genèse du projet. Hugues Aubin explique, « nous sommes allés nous coucher le soir… le lendemain, la vidéo avait déjà beaucoup tourné. Très vite nous étions contactés par des brésiliens du laboratoire Innova qui travaillent sur le projet Brancante. Nous leur avons proposé de leur envoyer nos plans, il nous ont dit : ‘ok, mais nous vous envoyons d’abord les nôtres’. » Le projet est également repéré par l’Hôpital Hopkins, aux Etats-Unis. La machine se met en route. « Je ne viens pas de ce milieu. Je connaissais bien la communauté des backpackers de Couchsurfing, je connais maintenant la communauté des hackers, que je trouve fantastique. Je ne pensais vraiment pas que cela irait aussi vite. »
Ce samedi 28 juin à Rennes, les acteurs du projet Bionico avait prévu de mettre en place un atelier en public, pour présenter et tester en direct les avancées. Les éléments de la main avaient été imprimés les jours précédent au LabFab, montés avec moteurs, fils de pêche, reliés à un arduino pour l’électronique. L’idée étaient d’arriver avant la fin de journée à « connecter » l’avant-bras de Nicolas à la main par des capteurs d’impulsions électriques musculaires, collées sur son avant-bras. A 11h du matin, dès le premier essai : Nicolas devenu Bionico contrôlait le mouvement de pince de la main : main ouverte, poing fermé, main ouverte, poing fermé. Un résultat presque inespéré aussi rapidement.
Prochaine étape : repérer et reconnaître les impulsions électroniques correspondant à chaque doigt de la main pour en dissocier le contrôle. Trop de monde en ce samedi ensoleillé, curieux de découvrir ces mains robotiques. L’après-midi ne sera que démonstrations et explications, des contacts sont pris. Une aventure qui ne fait que débuter, mais de la meilleure des manières. Une équipe d’Arduino venue d’Italie pour l’événement interviewe Nicolas et Hugues : « pourquoi faites-vous cela, la main et plus généralement le LabFab ? » Hugues Aubin, dans un grand sourire : « pour changer le monde… »
LabFab-Bionico from docabibi on Vimeo.
No. 1 — samedi, 17 août 2013 à 6 h 54 min
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