Retour sur LIFT 13 – Fabrication numérique et intelligence

Le mouvement Maker s’est taillé la part du lion lors du récent Lift 13 à Marseille organisé conjointement par la FING et Lift et intitulé Occupy Industry ou Produire Autrement (moins subversive cette traduction). Un bon nombre des intervenants sont en effet revenus sur ce phénomène qui amorce aujourd’hui son véritable développement sur notre territoire. En témoigne le nombre très important et inattendu de candidatures reçues par le Ministère de l’économie numérique dans le cadre d’un appel à projet dont les résultats ne devraient pas tarder à être rendus.

Si Fabien Eychenne, par ailleurs auteur de « Fab Lab avant-garde de la nouvelle révolution industrielle », accompagné de Véronique Routin ont exposé le contexte global de cet essor pas si soudain, nous attendons il est vrai encore que les institutions, acteurs économiques comprennent de quoi il s’agit réellement, ni solution miracle, ni effet de mode.

J’ai pour ma part retenu deux interventions en particulier, celles D’Olivier Mével, comme révélatrice de ce nouveau modèle à construire entre l’industrie traditionnelle et la fabrication numérique ouverte. Ce designer, co-auteur du Nabaztag et des robots en carton ReaDIYmate commercialisés chez Seeedstudio (bien connu à bug pour ses nanocopter et autres goodies) et à ce titre acteur quotidien de ce nouveau monde industriel entre Instructables et les usines chinoises. Le design est en effet français, la fabrication et la commercialisation sont basées à Shenzen. Toutefois, à l’instar du modèle décrit par Chris Anderson dans son ouvrage « Makers », des modèles locaux sont possibles reposant sur les industriels du territoire et sur l’exemple de la longue traîne des objets, de petites séries d’objets personnalisés générant in fine des bénéfices plus importants que l’ancien modèle. Nous en sommes certes très loin mais l’exemple de Maker’s Row mettant en valeur les manufactures locales et leurs produits en lien avec les dispositifs de prototypage et de design (le labfab par exemple) laisse entrevoir une expérimentation qui serait intéressante à mener.

En revanche, cette intervention met également de manière indirecte en évidence la carence des dispositifs traditionnels d’incubation utiles mais pas exclusifs et parfois inopérants.

Dans un tout autre  domaine, Pierre-Yves Oudeyer a médusé son auditoire par le caractère déroutant et passionnant des recherches menées par l’Inria de Bordeaux autour de l’intelligence artificielle : des algorithmes et des robots pour tenter de saisir les processus d’acquisition de la locomotion et du langage chez l’enfant. Le robot Poppy, projet open source en est la troublante incarnation, tant ce robot, assemblage de pièces fabriquées dans une imprimante 3D et de servo moteurs nous semble étonnamment familier lorsqu’on lui saisit la main. Avatars & Cie du 20 au 23 novembre à la MJC Antipode est consacré cette année à l’intelligence artificielle, l’un des ateliers portera sur le droit des robots, il est évident que de tels projets posent immédiatement de nombreuses questions abordées habituellement dans les œuvres de fiction telles que la récente série télévisée Real Humans ou bien Blade Runner ou Ghost in the shell. L’anthropomorphisme de ces êtres électroniques nous incitera t’il à adopter des règles protectrices identiques au droit des animaux et quel sera le degré de responsabilité de leurs actes.

 

Lift13 – PIerre-Yves Oudeyer from bug on Vimeo.

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